La librairie est heureuse d’accueillir Julien Carreyn pour le lancement de Venise Out In, publié par Nero avec le soutient de la Socièta Delle Api.
Dans Venise Out In, Julien Carreyn propose une déambulation photographique à Venise.
« Je me lève à 4h du matin pour flâner dans l’obscurité de la ville déserte, je ne distingue pas grand-chose, je me perds dans les ruelles, il fait froid. Le soleil se lève, radieux, me voici dans le quartier de l’école d’architecture. Les rues se remplissent d’étudiants, de travailleurs, puis de touristes, j’avance dans une impasse barrée par un muret de briques et de grillages. Au-delà c’est un chantier de bateaux délabrés, j’ignore s’il s’agit d’un garage ou d’une casse. Je rebrousse chemin vers le centre pour traverser le pont de l’Académie. Je sors de ma poche la grosse clé du portail de la maison de Silvia à Campo San Stefano. Dans l’entrée une gondole repose sur des tréteaux, une lampe de chantier éclaire un pan de mur. Au premier étage, des papiers-peints arrachés, des chaises et tables de jardin, des sacs de gravats, des peintures murales, des étagères vides signalent l’état transitoire des lieux. J’ouvre une fenêtre : dehors le soleil est à son zénith et l’air glacé. J’aperçois Cristiano, je descends et il me guide jusqu’à l’extrémité nord de l’île : trois allées rectilignes peu fréquentées. Nous traînons là quelques temps, goûtons la beauté simple et calme des lieux puis la nuit tombe, les magasins ferment, les passants se font rares. Je rentre à l’hôtel et j’étale sur le lit mes polaroids pris dans les rues de Venise et dans la maison de Silvia. Des paires s’associent d’elles-mêmes, je ne réfléchis pas trop. Out, in. Quelques photographies restent orphelines. « Berlin, Zürich, Zürich, Berlin, Berlin, Berlin, Berlin, London », c’est le titre d’un livre de Calla Henkel et Max Pitegoff, dans lequel ils visitent des appartements à louer et les photographient en noir et blanc, j’y ai pensé en cadrant les salles de bains de Campo San Stefano. Le lendemain je traverse le premier étage de la maison à la recherche de cet escalier niché entre deux couloirs que je n’arrive jamais à situer, comme s’il n ‘existait que par intermittences. Etroit et abrupt, il mène à un appartement aux moquettes rouges, chambrettes, salles de bains, grenier, combles, éboulements, débris, poussière. Silvia organisera bientôt des réunions de chantier entourée d’architectes, designers, artistes et artisans. Ils referont tout. » — Julien Carreyn